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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 16:26

 

Le souffle court et la foulée chaotique, je déambule en trottinant dans les allées gravillonneuses du parc municipale. Ma tenue est à la mesure de mon style de course. Un T-shit large logo-typé Heineken et qui offre au vent de face une résistance non négligeable. Une paire de baskets bon marché qui me donne l'impression de courir à la kényane, c'est à dire pieds nus. Et un vieux short de foot, vestige d'une période sombre de mon adolescence où j'occupais mes dimanches après-midi, assis sur un banc de touche à regarder mes « copains » jouer au foot et se passer fort bien de ma présence sur le terrain.

 

J'en suis à mon neuvième tour du petit étang, espérant tomber dedans, me procurant ainsi une excuse valable pour rentrer plus tôt à la maison. J'aperçois alors M. Jeanti, mon collègue, venant à ma rencontre dans une foulée fluide, aérienne et décontractée. Il s'arrête vers moi dans un superbe dérapage qui projette des gravillons.

 

M. Jeanti : Tu te promènes ?

Moi : Ben, je cours, oui..

M. Jeanti : Oui,enfin, tu trottines. Tu fais du combien ?

 

Pourquoi il me demande ça ? Il a pitié de mon équipement ? Il veut me prêter son ancienne paire de baskets ? Lui, qui se pavane avec les dernières Mizuno Tempo LD, un collant moulant assortir à un maillot respirant flashy qui lui sied à la perfection.

 

Moi : Du 42 un tiers... pourquoi ?

M. Jeanti : Pas ta pointure, ta vitesse. Combien à l'heure ?

Moi : J'en sais rien. J'ai pas de compteur.

 

Il me montre alors son compteur. Une espèce de montre grosse comme un oignon jaune accrochée à son poignet. On dirait une protubérance maligne qui se serait greffé à on bras et qui jure avec l’aérodynamisme ambiant du reste de son équipement.

Il m'explique qu'il peut connaître sa vitesse, le nombre de calories qu'il brûle, sa fréquence cardiaque. Que là, il est à 74 bpm mais que tout à l'heure il avoisinera les 173 bpm quand il sprintera dans la côte du Bois-Vert. Que si son cœur dépasse les 187 bpm, sa montre géante l'avertit par un signale sonore pour qu'il lève le pied.

 

M. Jeanti : Et toi ?

Moi : Et moi quoi ?

M. Jeanti : Ta FC, ta VMA, tes BPM, tout ça ?

Moi : …

 

Et le voilà parti dans un laïus sur l'inconscience du sédentaire lambda qui se lance dans le sport sans aucune préparation. Il râle sur le gouvernement qui colle des défibrillateurs à tous les coins de rue alors qu'il ferait mieux de mettre une police du sport qui contrôlerait tous les mecs qui font du sport sauvage. Et il m'engueule presque en me signalant que mes pompes ne valent pas trois sous pour courir et que je risque une tendinite voire une entorse et que tout ça , ça sera encore le trou de la sécu qui se creusera.

 

Et moi, je ne dis rien. Je jette des coups d’œil à mon chronomètre que j'ai pris soin de ne pas arrêter. Je chasse quelques moucherons attirés par notre âpre odeur musquée. Je shoote dans quelques cailloux et vise involontairement les canards de l'étang.

 

Soudain nos occupations respectives sont interrompues par une alarme stridente. Par réflexe, je me bouche les oreilles et cherche du regard quel abruti a pu s'asseoir sur le capot d'une voiture de sport.

 

Ne trouvant rien, je reporte mon regard sur mon interlocuteur. Je le vois alors en train de s'acharner sur son gros oignon jaune d'où semble provenir ce bruit assourdissant.

 

Je comprends alors que c'est sa montre qui sonne. Le pauvre M. Jeanti a viré au rouge pivoine pendant son sermon et son cœur a sans doute dépassé les 187 bpm. Et là, il galère pour éteindre son engin du futur.

 

Les regards des curieux se dirigent rapidement vers notre duo. J'aimerais me faire tout petit. J'hésite entre sauter dans l'étang pour me cacher sous la vase... et pousser mon collègue dans l'étang... pour le cacher sous la vase. Je cherche une troisième solution quand soudain l'alarme s’interrompt.

 

Je me retourne. M. Jeanti est assis en tailleur sur le sol et il commence à adopter la position du lotus.

 

Moi : C'est le seul moyen de l'éteindre, ta montre ?

 

Il me fait comprendre qu'il ne peut pas parler et je le laisse à sa méditation en repartant en courant après lui avoir fait un petit signe de la main.

 

Le lendemain, à l'école. Il m'explique que sa conscience professionnelle ne peut pas me laisser préparer ma classe au cross des écoles. « Vu ton niveau de compétence dans ce domaine, ce serait un massacre ». Du coup on se met d'accord sur un échange de service. Je ferai arts visuels dans sa classe.

 

Sa conscience professionnelle va sûrement en prendre un coup quand il s'apercevra de mes compétences artistiques.

 

 

 

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24 octobre 2009 6 24 /10 /octobre /2009 11:18
Quatre autour d'une table. Des cadavres de bouteilles qui jonchent le sol. Chacun un verre à la main, on refait le monde.
De la politique à l'actualité people en passant par le mouvement vert, tout y passe.

Jérôme : Non, mais on devrait taxer les salaires des grands patrons... Avec ce qu'ils gagnent, ils verraient même pas la différence.
Karim : Ouais ! Et on reverserait tout ça dans la technologie des énergies renouvelables pour que ça change, toute cette merde !
Bruno : Ouais, de toutes façons, ca va pas tenir longtemps comme ça...On va faire la révolution.
Moi : Sinon, on peut aller en boîte.

C'est comme ça que quatre types amorphes près à s'endormir le nez dans leur verre, se retrouvent à sauter partout sur une piste de "danse" en chantant à tue-tête "Partenaiiiire particuliiiier.....".

A nous quatre, ça faisait bien un siècle qu'on avait pas mis les pieds dans ce genre de lieu de débauche. Alors, comme on n'y est pas tous les vendredis soirs, autant se débaucher pour de bon !

On massacre le répertoire français, on caricature la tektonik, on pogotte pendant les slows, on va danser dans la cage, sur les baffles, dans les toilettes, on boit un peu.... Bref on se fait remarquer. Puis les lumières s'allument.

Déjà ! Un coup d'oeil sur le portable. Trois heures cinquante.... Ah ouais quand même !

A deux pas de la sortie, presque libre, le videur vient droit sur moi.

Le videur : T'es prof, toi !
Moi : ....

Je baisse la tête et regarde si j'ai mis mon T-shirt Education Nationale. Non, pourtant !
Comment il a deviné. Je pensais être incognito. J'avais cru avoir effacé toutes traces de profitude dans mon attitude.
J'avais rasé ma barbe. Echangé mes lunettes contres des lentilles. Mon pantalon de velours contre un jean déchiré. J'avais même mis du déo pour éviter les auréoles sous les bras (au cas où j'avais dû faire la célèbre chorégraphie des Village People sur YMCA).

Moi : Ben, comment vous savez.... monsieur ?
Le videur : Tu me reconnais pas ?

Un flash. Ca y est, je le remets. Les rôles s'inversent.
Je descends dans le hall de l'école pour libérer les mômes. Un type se pointe vers moi.

Le type : Bonjour, monsieur. Je suis le nouveau surveillant de cantine. N'auriez-vous pas la clé du local à matériel. Je n'ai pas encore la mienne.
Moi : Si, tiens. Fais gaffe, faut forcer un peu. Tu m'envoies un gamin pour la ramener.

Retour en boîte.

Moi
: Ah oui ! Le surveillant de cantine.... Vous bossez là aussi !
Le videur : Oui, à l'occasion... Mais toi, qu'est ce que tu fais là ? Enfin, je veux dire...en boîte de nuit !
Moi : ....
reMoi : Je danse, je bois, je saute partout, je rebois, je fais un lap-dance avec le pilier près de la piste, je manque de vomir, mais non ça va mieux, alors je rerebois, je colle une nana pendant  un zouk, je me fais taper dessus par son mec, je rererebois, je danse, je chante, je renverse mon verre, j'essaie un zouk avec un mec, encore un échec, je rerererebois, je danse.... La routine, quoi !  Tout ce que les gens normaux font quand ils viennent en boîte de nuit ! Non ?
Le videur : Ouais, ouais je comprends...mais bon....comme t'es prof, je me disais.....

Et voilà, on en revient toujours au même !
Dans la tête des gosses, des videurs et même de certains parents , un prof, à 16h30, il se met en mode veille dans une boite en carton au fond d'un placard de la salle de classe jusqu'à 8h20 le lendemain.

Alors quand on a le malheur de faire ses courses au Cora comme la plupart des gens normaux, ça peut donner ce genre de scène :

Une voix : OOOOH   LE MAITRE !!!!!!!

Je me retourne. Je vois un de mes élèves bouche bée, les yeux ronds comme des boulons, frappé de stupeur...

Sa mère (qui lève la tête) : Ah oui, tiens ! Le maître...
Son mari (tout aussi surpris) : Ah oui, le maître.
Moi : Euh bonjour....

En général, ils restent une dizaine de secondes immobiles, la bouche ouverte...et lorsqu'ils sortent de leur torpeur, je suis déjà à la caisse.

Mais, je pense que cela peut très vite dégénérer.
Imaginez, un type un peu influençable qui voit un couple et son gosse scotchés devant un mec qu'ils appellent maître. Le type influençable se met en mode secte et  s'immobilise devant le maître en disant " Oh le maître !" En moins de 5 minutes un vingtaine de  personnes sont à vos pieds et acclament votre fonction "Maître, maître, maître..."

La voix du magasin
: Nous informons notre aimable clientèle que le maître nous fait l'honneur de  faire actuellement ses courses dans notre cher magasin. Il se trouve actuellement au rayon des couches culottes, des cotons tiges et des serviettes hygiéniques. Pour l'occasion, et uniquement pendant dix minutes, profitez de l'offre : Un paquet de tampons offert pour l'achat de deux serpillères. N'hésitez pas à les faires dédicacer par le maître.





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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 16:18
Je connaissais le gamin depuis le mois de septembre. Je pensais alors avoir tout vu dans le genre "Comédien".... avec une majuscule s'il vous plaît.

Mieux que la plupart des acteurs oscarisés, césarisés, oursisés ou goyasés, mieux qu'un joueur de foot italien se roulant sur la pelouse en pleurant et  réclamant entre deux sanglots un penalty et un carton rouge pour son agresseur, et mieux qu'un homme politique lambda annonçant la reprise de l'activité avant la fin du deuxième trimestre 2009....j'ai nommé le talentueux, le célèbre, le magnifiiiiiiiique  Anthony.

Le roi du cinéma. Le prince du théâtre. Un acteur né. Un comédien de l'extrème.

Une tâche d'encre sur son cahier, il nous improvise une tragédie grecque.
Une égratignure au genou, c'est une scène gore des plus crédibles films d'horreur.
Une remontrance par le maître et je revois le visage larmoyant  de Brigitte Fosset dans Jeux Interdits.

Un poil cabotin mais carrément fatigant. J'ai décidé de rencontrer son père.

Acte 1. La rencontre.
Anthony et son père entrent dans le préau côté cour, pendant je m'y engage coté cantine.
Une poignée de main de grande envergure. Je lui montre la direction d'un rapide coup d'oeil. Il fait tourner son imper d'un geste du bras et  pivote pour se diriger à grandes et rebondissantes enjambées dans la direction indiquée.

Je comprends alors beaucoup sur l'attitude du gamin.
Je vire gentiment la femme de ménage de la classe. J'ajouterais que vu  l'état de coincitude de cette pauvre femme, le balai qui devait servir à taper les trois coups pour entamer la pièce, doit être bien ficher dans son ... !

Ensuite, j'énumère au père d'Anthony les différents événements pouvant résumer le comportement de son fils et justifiant ainsi sa présence dans ma classe.
Son visage passe par toutes les émotions du dictionnaire.
Il fronce, sourit, refronce, ouvre la bouche de stupeur, ricane, soupire, lève les yeux au plafond, se prend la tête dans les mains, s'essuie une larme, s'étonne, semble contrarié puis fâché....

Entracte.

A la fin de mon monologue :

Le père : Excusez-moi, je dois me rafraîchir un peu. C'est trop d'émotions. Je ne croyais pas mon fils capable de ça.

Il sort. Je regarde Anthony d'un air étonné. Ce dernier me refait le coup de Brigitte Fosset et de Ponette.

Acte 2 : Le sermon.

Trois minutes plus tard, son père revient.
Maquillé, coiffé, remonté à bloc. Il a du réviser son texte dans les coulisses. Il est sorti abattu, le voilà conquérant, déterminé. Il s'agenouille dans une glissade, se colle le dos de la main sur le front en levant la  tête.et se lance  dans une tirade adressée à son fils.

Le père : Ô mon fils, mon fils, mon fils. Comment as-tu pu ? Comment, Ô Anthony le fruit des entrailles de ta mère. Nous t'avons tout donné ! Tout ! Tu entends ? Nous t'avons tout donné, pourquoi nous as-tu tout repris ?
Moi (en apparté) : C'est du Rock Voisin, ça !
Le père : Pourquoi ? Que te manque-t-il ?

Un long moment de silence. Les mains dans les cheveux, il semble méditer.

Le père : Peut-être es-tu trop gâté, trop chouaillé (un temps), trop aimé ! Peut-être, oui ! Trop aimé. Mais il ne faut pas que notre amour t'empêche de bien te comporter en classe. Tu dois porter ce poids dignement et sans honte. L'amour de parents aimants est parfois difficile à porter, je le sais. Mais tu es fort, solide. Tu vaincra. Tu te reprendras.

Final :

Le père et Anthony (pleurant pour de bon cette fois-ci) se tombent  dans les bras.

Anthony
(braillant et sanglotant ) : Prooomiiis Papaaaa ! Promiiiis ! Je te juuuuuure !

C'est alors que je me lève devant cette scène, et oubliant mon rôle dans la pièce, j'applaudis à tout rompre.

Rideau.



Je précise que ce n'était vraiment que du cinéma.
Pour preuve, les promesses faites dans cette oeuvre dramatique n'ont jamais été tenues.






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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 18:47
Vous est-il déjà arrivés d'être invités à un mariage dans lequel vous ne connaissiez personne...mis à part le marié lui-même.

Si la réponse est non, je vous fais partager cette triste expérience dès maintenant.

Après la cérémonie éclair de la mairie, les mariés qui veulent proifiter du plus beau jour de leur vie, nous convie à l'église. Et, là, ils profitent. Entre lectures de potes, psaumes de curé, chanson d'Hélène Segara et quête de clergé, on a le temps d'apprécier l'architecture gothique ou romane ou cubiste....Bon, on apprécie, on caille, on prie, on se lève, on s'assoit, on se met sur la pointe des pieds pour  voir le bisou, on applaudit, et on fait la queue pour féliciter (et saluer par la même occasion) les mariés que l'on a n'a pas encore vu de la journée.

Mon pote d'enfance me fait part d'un "bonne nouvelle".

Mon pote : Tu verras, pour le plan de table, j'ai fait un tour de force. Tu seras ravi. Je te laisse la surprise. Allez, à plus tard.

Je crains le pire. L'apéro fini, je me dirige vers ma table. Elle est déjà presque complète. Et là, planté à 5 mètres de ma chaise, je hume la surprise. Devant moi, assis sans trop se parler, mal à l'aise, 9 personnes se jaugent, se regardent, se sourient bêtement. Les couples chuchotent.
La surprise : un condensé de l'éducation nationale. Je le vois à l'oeil nu.

Tant pis, je m'assois. Peut-être qu'on évitera le pire si personne ne parle de sa profession. Je n'y crois pas.
Et j'ai raison. Dix minutes plus tard, les présentations sont faites. On ne connait pas nos prénoms...mais juste nos fonctions.

Un directeur d'école primaire. Un maître G. Une itinérante en anglais. Un brigade. Une ZIL. Un maître E. Une IMF et j'en passe. Un panel complet du premier degré et de toutes ses fonctions. Chacun vante l'utilité et la difficulté de sa spécialité. Puis on s'interesse à moi qui me suis tu jusqu'à présent.

Une nana : Et toi ?
Moi : Juste prof des écoles ...en CM.
La table : ....
La nana (mal à l'aise) : ah....c'est bien ...aussi !

Les présentations faîtes. L'unique sujet de la soirée semble lancé. Et on n'en sort pas. Pas même pour aller au buffet ou pour danser pendant les interludes. Tout y passe, anecdotes, coups de gueule, réflexion pédagogique.... Voici un résumé :

Les élèves ne sont plus ce qu'ils étaient du temps où on était nous-mêmes élèves.

Les parents ont pris le pouvoir dans les écoles.

Les programmes sont inapplicables.

Le ministre est un con.

Les syndicats sont des incapables.

La profession est dévalorisée....

Et j'arrête là, avant que vous vous mettiez à pleurer sur nos tristes conditions laborales.

Un mec (soucieux de m'intégrer dans la conversation) : Et toi ? T'as pas des anecdotes ou ....
Supermoi : Si bien-sûr. Mais depuis que j'ai collé la pub sur mon blog, je lui réserve l'exclusivité de mes histoires d'école. Je vais pas prendre le risque de perdre un nombre incertain de lecteurs en dévoilant en exclusivité le contenu de mon blog à neuf personnes que je ne connais même pas. En plus, j'avais espéré passer une soirée loin du boulot. Dans un salle des fêtes miteuse de la France profonde, j'avais espéré qu'on critique la robe de la mariée, qu'on crache sur le DJ et son animation bidon, qu'on boive sans excès ce bon vin d'Arbois, qu'on chambre le cousin du marié qui vomit sur sa voiture... Mais malheureusement j'ai eu la surprise de tomber en plein conseil d'école.
Moi : Euh, non.... tu sais je ne suis que prof des écoles...normal....j'ai pas grand-chose à dire.

Vers la fin de la soirée, les places changent. On va à droite à gauche vers ses connaissances. Moi, je n'en ai pas mais je ne veux pas moisir avec "mes collègues". Je  me  jette sur une chaise vide.

Malheureusement, j'arrive après la guerre. Tout a déjà été débalé. La coupe de la mère de la mariée, le zozotement du curé, le champagne bon marché, la stupidité des traditions telles la jaretière ou le pot de chambre, l'embonpoint de la marié qui ressemble à un épave de galion englouti en cette fin de soirée.

Sans le savoir je vais relancer leur soirée.... à mes dépens.

Un mec : Ah...tu es le pote d'enfance de Benja (le marié) ?
Moi (content qu'on me reconnaisse) : Ouais !!!
Un mec : T'es prof, c'est ça ?
Moi (tombant dans le piège) : Ouais et toi ?

Mais ma question, il s'en fout. Ils viennent de trouver un autre sujet de discussion. C'est reparti pour un tour :

Les vacances excessives.

Le nombre d'heures hebdomadaires.

Les privilèges des fonctionnaires.

Les mauvais profs qui ne savent pas faire leur boulot.

Les profs qui se plaignent sans arrêt....

Mais j'arrête là, car je vous vois déjà  hocher la tête en disant "Ah ouais, c'est clair...ah ouais...c'est vrai tout ça !"

Puis le mec qui m'a reconnu, détruit tout leur argumentaire savamment construit sur un tas d'idées reçues, en disant :
"En même temps, je me vois pas 6 heures par jour devant 25 gamins".

On est d'accord. Mais je pars quand même.
Je vais voir mon pote en prétextant du boulot. Genre, je dois préparer le lundi, je suis peut-être inspecté. Il comprend...en souriant et me sert la main en me remerciant ...avant d'ajouter en guise de conclusion :

"Sacrés profs, va !"



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15 octobre 2009 4 15 /10 /octobre /2009 16:15
Parfois, quand la classe semble calme, je sens qu'il se cache quelque chose d'autre. Une tempête de boulettes de papier se prépare. Un petage de plomb de Ludo se dessine. Un élément perturbateur gazeux se faufile entre deux muscles fessiers.

Parfois, je plisse les yeux. Je me mets en retrait, prêt à protéger mon visage avec les mains. Ou à me jeter sous mon bureau (comme dans les consignes de sécurité japonaises)....pourtant rien ne vient. Ni boulette, ni Ludo, ni pet !

Je constate alors qu'ils sont tous en train de rêvasser, le nez en l'air et le stylo sur le cahier déposant une belle tâche bleue.

Alice (en maths) : Les fractions....pff les fractions. Je comprends rien. En plus, les pizzas à 10 heures du matin, ça me donne plutôt envie de vomir. Il ne peut pas dessiner des galettes aux chocolats pour parler des fractions. ....Tiens, mais j'y pense ! Mon cousin, il est en prison à cause des fractions. Il est rentré dans un appartement avec des fractions et le voilà au trou. Et ben, je pensais pas que le maître nous apprenait ce genre de chose. Bientôt il va nous apprendre à voler au Cora. Moi, je volerais du maquillage. Je le mettrais dans ma poche. Mais si la police m'attrape ! La honte dans le quartier. Ils viendraient me chercher dans le car de la police....Devant chez moi tous les voisins verraient un car....

Moi : Alice ! Peux tu me dire à quoi est égal 2 huitièmes ?
Alice : euh...un car !
Moi : Ouais, j'avais l'impression que tu suivais pas. Fais attention !

Medhi (en littérature) : Pff, Charlie et la chocolaterie, je l'ai vu en 2 heures à la télé...et là ça fait 3 semaines qu'on est sur le livre et Charlie n'a toujours pas trouvé le ticket d'or... C'est méga long. Moi ça me tarde qu'il entre dans la chocolaterie. Ce serait trop bien que ça existe. Une usine rien que pour des bonbons, avec une rivière de caramel, des escaliers en berlingot, des sentiers en guimauve. Mmmm ! Tiens ça me donne faim... Maintenant, j'ai la dalle....

Moi : Medhi, excuse-moi de te réveiller. Peux-tu me rappeler qui est l'auteur de Charlie et la Chocolaterie ?
Medhi : ...la dalle !
Moi : Mouais, Roal Dahl... attention à la prononciation !

Ludovic (en sciences)
:  Trop bien, les éoliennes. Si j'avais un avion avec une hélice comme ça... Ouaaah !  Je suis Eoliennator, et je suis le plus fort. Prends garde à toi Nucléor ! " Eoliennator, je vais te tuer et tu seras mort".... "Quoi, t'as insulté ma mort, Nucléor !" " Ouais, et je le referai dès qu'on sort ! " " Fais gaffe à toi, alors" " Et ne sois pas en retord"....

Moi : Rem rem.... Ludo...ouhouh Ludo... Tu peux répondre à la question ?
Ludo : ....
Moi : Je vois... Comment s'appelle la  partie tournante de l'éolienne ?
Ludo : retord...
Moi
: Le ROtor...ok, tu as de la chance !

Walter (en animation pédagogique) : Le système cognitivoquoi ? Laisse tomber, j'ai l'impression qu'ils ont tous compris sauf moi. Pff, plus que 2 heures et quart. Encore un mercredi matin foutu en l'air. Pas une once de distraction par ici,. Ils sont tous à fond dedans. Vivement cet après -midi que j'aille faire un peu de sport. Peut-être qu'en VTT je tomberai sur une jolie fille perdue dans les bois, en robe de soirée décoletée, qui me regardera avec un regard supliant :"Où qu'on est ?". Je lui montrerai ma carte, jeterai un coup d'oeil sur sa poitrine pendant qu'elle se penchera pour lire la légende. Elle me sourira et je me mettrai au diable ma timidité pour lui....

La conseillère pédagogique : Monsieur Walter ! Monsieur Walter !  J'attends :
Moi : Vous attendez quoi ?
La conseillère péagogique : Votre réponse à la question : Comment augmenter l'attention des enfants pendant une phase d'enseignement frontale ?
Moi :....
La conseillère pédagogique : Soyez, un peu plus attentif s'il vous plaît ou je serai obligée de le signaler à l'inspectrice.

Comment ils font les mômes ? Ils sont trop forts.




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9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 10:49

Pour ceux qui n'ont pas mis les pieds dans une école primaire depuis les années 70 ou même 80, sachez que beaucoup de choses ont changé.

Le mobilier. Fini le pupitre double, robuste. Bonjour les chaises et les tables indépendantes qui bougent en couinant sur le sol.
Les stylos : Finis la plume et l'encrier. Bonjour, les stylos plumes qui coulent, les cartouches qui explosent, les effaceurs qui percent les feuilles, et le blanc correcteur qui taguent les trousses.
Les apprentissages : Fini la leçon de choses...genre "Copiez : La pomme est le fruit du pommier, elle est composée de....". Bonjour les sciences expérimentales, du genre "Coupez la pomme en 2, et observez !"

Sachez également que certaines choses n'ont pas changé.

Les plaintes : "J'ai l'impression qu'ils sont pires chaque année !"
Les maths : 2 + 5 ...toujours = 7
Les billes : Une crème vaut toujours plus qu'une agate et toujours moins qu'un galot.

Et...les exposés. Vous savez ! "Chaque mardi, après la récréation, deux élèves présenteront un exposé sur le sujet de leur choix".

Et chaque année, on se tape les mêmes sujets. Et les mômes refont les mêmes que l'année précédente avec votre collègue.

Les timbres : "Suila il vient du Japon, suila il vient du  Luxembourg. Suila il vient de France. Suila aussi. Suila aussi. Suila aussi. Suila il vient de Suisse...

L'arbre généalogique. Ca, c'est mon oncle de Marseille. Suila il vient de Strasbourg. Suila il vient de Besançon et suila, il vient de mourir.

Quoique maintenant, les exposés sur les familles sont de plus en plus funs...et complexes.

 

Moi : Euh, Julia, je ne comprends pas pourquoi tu n'es pas sur la même branche que ton frère Julio ?

Julia : Ben, on n'a pas le même père !

Moi : Ah...je croyais que vous étiez jumeaux !

Julia : Ben oui, ça n'empêche pas....

 

Moi : Euh Etienne, c'est quoi cette petite branche qui dépasse avec le nom de ton cousin ?

Etienne : C'est une bouture.

Moi : .... pourquoi une bouture !

Etienne : Ben il est juste adopté, c'est pas vraiment la famille.

 

 

Dernièrement j'ai eu la visite discrète de Raphaël qui se plaignait de ne pas trouver de sujet d'exposé alors que son tour était imminent. Je lui ai alors conseillé de chercher autour de lui. Le métier de son père, ses activités extra-scolaire, ses passions...

 

Son père est responsable du rayon liquide du Cora...

Sa seule activité extra-scolaire est la télévision....

Sa seule passion est le méchant de Prison Break...

 

Moi (désespéré) : Je te fais confiance. Tu trouveras sûrement quelque chose d'intéressant.

 

Le jour-j, il refuse de me dévoiler le thème de son exposé. C'est une surprise. Je ne le force pas, sachant les difficultés qu'il a eu à choisir un sujet. Mais je m'inquiète un peu.

 

Raphaël (debout devant le tableau ): Mon exposé est sur les gros.

La classe : ...

Moi : Précise. Les gros quoi ?

Raphaël : Les gros....les gros comme moi. Les grosses personnes.

La classe : .... mmpppfff ririri roooo rroro prrgra (c'est le brouhaha, ça).

Moi : On t'écoute.

 

On a alors  droit à un tas de mots ultra compliqués sortis tout droit d'une encyclopédie médicale genre : excès de masse adipeuse, indice de masse corporelle, hypertension artérielle, diabète non-insulinodépendant, gastroplastie, chirurgie laparoscopique....et j'en passe.

 

La tradition veut que les mômes posent des questions à l'auteur de l'exposé.

 

 

Pauline : T'es gros combien, toi ?

Raphaël : Moi 12 !

Pauline : Ah ben ça va encore 12 kilos...je croyais plus.

Raphaël : Non, 12 tartines chaque matin.

Ludovic : T'es gros à cause de tes parents ?

Raphaël : Je crois pas. Ils m'ont jamais obligé à être gros.

Ishem : 12 tartines par matin .... Tu te lèves à quelle heure pour le ramadan ?

Raphaël : Je fais pas le ramadan... mais je fais mardi gras...c'est mieux comme religion.

Allan : Ca fait mal la gastroplastique ?

Raphaël : Je sais pas. J'ai juste eu une gastro en terrine !

 

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30 septembre 2009 3 30 /09 /septembre /2009 16:17
Peu de temps après la rentrée. Je croise ma directrice, Madame Mollard.

Ma directrice : Tiens ! Ca te dit d'être animateur USEP ?
Moi : Euh animateur... Je sais pas chanter et je raconte super mal les blagues...alors...
Ma directrice : Mais non... l'USEP, c'est le sport scolaire... et les animateurs c'est ceux qui accompagnent les enfants. Rien de plus.
Moi : Pfff...du sport...mouais.
Ma directrice : Allez ! Fais un effort. C'est qu'un mercredi par mois.
Moi : Quoi ! Pfff, je sais pas...  Tu sais j'ai des trucs à faire le mercredi.
Ma directrice : Comme quoi ?
SuperMoi : Comme vous pourrir, toi et les collègues, sur mon blog !
Moi : Comme...préparer mon jeudi.
Ma directrice : Allez...en plus c'est indemnisé.
Moi : Je sais pas..... Vraiment je sais pas.
Ma directrice : Allez, c'est super marrant. Y'a une bonne ambiance en général.
Moi : Allez, ça marche. Je signe où ?
Ma directrice : Ici.
Moi (levant la tête après avoir signé) : Y'a qui d'autres de l'école ?
Ma directrice : Y'a que toi !
Moi : .....
Ma directrice : Ben oui, tu crois quoi ? On n'a pas le temps le mercredi, on a des mômes nous !
Moi : ....

Voilà comment je me suis retrouvé dans un bus à 8h30 ce matin, pour aller faire une rando avec 300 gamins.
Pas 300 gamins dans le bus. Seulement 40.  On partageait le transport avec une autre école. Donc me voilà, accompagnant 40 mômes avec l'aide d'une collègue et de 2 parents.

Bien-sûr, le chauffeur était sans doute un frustré (sexe ou motorisation de son véhicule, je ne sais pas la raison). Bien-sûr, Pauline était malade. Bien-sûr je lui ai donné un sac. Et bien-sûr, elle l'a rempli juste avant d'arriver. Bien-sûr, c'était la cohue (vous verrez plus tard que dans la cohue, on oublie de faire certains gestes vitaux pour la santé morales des gamins)  parce que en plus on était en retard et que  tout le monde nous regardait descendre du bus.

A la manière d'Anthony Browne dans son Histoire à 4 voix, je vais vous conter un extrait de la journée selon le point de vue de quatre personnages.

1. MOI.
Il était 12h45. On venait de marcher près de 2 heures. Et ça faisait 2 heures que les mômes se plaignaient d'avoir faim (à part Pauline...qui ne s'est plaint que sur la fin de la balade). Dès qu'ils savent qu'ils ont un truc à manger dans leur sac, les gosses ont faim. C'est d'ailleurs pour cela, que quand j'étais môme, je mangeais mon goûter sur le chemin de l'école. Cela m'évitait d'avoir faim en attendant la récré (malin).
Les enfants sont assis, affamés, prêts à déballer leur sac au top départ du repas. Je leur souhaite un bon appétit. Et ils comprennent mon allusion en se jetant sur leur sandwiches.
Me voilà donc installé un peu plus loin, avec les adultes, pour profiter de mon sandwich  pain-de-mie- bacon- knacks jambon- steack- poulet- dinde- à  la moutarde de viande.... accompagné d'une feuillette de salade pour l'équilibre  alimentaire,  quand un cri  de groupe insdecriptible émanant de nos élèves, nous fait sursauter.

2. ANISS.
On pouvait enfin manger. Je m'étais mis vers mes copains pour pouvoir échanger mon repas  au cas où il ne me plaisait pas. J'étais en train de négocier une canette de coca contre un bout de gruyère. Tout d'un coup, y'a eu comme une odeur qui te donne pas vraiment faim. Au contraire, t'as plutôt envie de démanger ton repas plutôt que de le manger. On a vu Pauline, toute blanche, en train de regarder dans un sac. On s'est approché du sac d'un mouvement commun tous ensemble. Et du même mouvement commun, on a crié en se jetant en arrière avec nos mains sur nos nez.

3. PAULINE.
Ca allait un peu mieux. Je me sentais capable de manger. Alors j'ai ouvert mon sac à dos. Il y avait un sac  plastique que je me rappelais pas avoir mis dans mon sac quand j'aidais maman à préparer mon repas. J'ai alors pensé à une surprise. J'ai sorti le sac et j'ai eu une désagréable impression de familiarité... Ca me disait quelque chose. Par palpation, le contenu me semblait liquide avec des morceaux... comme certains yaourts.  Inconsciemment je devais savoir ce que c'était. Pourtant, je l'ai quand même ouvert...

4. LE VOMI DE PAULINE.
Ca faisait au moins 2 heures que je poireautais dans un sac en plastique (poireauter est le bon terme... vu la dose de tarte au poireau que s'était enfilée Pauline au p'tit déj). J'étais en train de macérer. Je sentais déjà un effluve ethylique qui courait à ma surface ( un odeur d'eau de vie au poireau). Un rai de lumière a enfin traversé l'obscurité de ma prison. Je me suis senti soulevé tout d'un coup (j'ai eu envie de me rendre)... Puis au dessus de moi le ciel s'est ouvert . J'ai d'abord vu palir la tête de Pauline. Puis un cercle d'autres têtes s'est resserré au dessus de Pauline, pour repartir brusquement dans un grand cri.



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27 septembre 2009 7 27 /09 /septembre /2009 18:47
Le mardi 15 septembre, une nouvelle tragique allait assombrir ma rentrée.

Le matin en arrivant à l'école, je me réjouissais du rendez-vous qui devait m'attendre devant la porte de ma classe à 8h00. La maman de Steven. Aperçue vaguement lors de ma réunion parents-prof, j'avais hâte que Steven fasse enfin des siennes, comme me l'avait prédit mes collègues, pour pouvoir enfin convoquer la maman.

Or, je ne sais pourquoi.... ce fût le papa qui vint ce jour là. Rien à voir avec la vague vision que j'avais eu de sa femme. Aucun charme.

Ce fut  tragique, en effet. Ma journée se vit entachée dès son commencement d'une mauvaise surprise. Pourtant, cette insignifiante anecdote, alors terrible désagrément pour moi, allait disparaître dans mon esprit, à l'annonce d'une bien plus mauvaise surprise.

Patrick Swayze est mort.

Vous découvrez en ce moment une facette bien fleur bleue de ma personnalité. Un peu guimauve sur les bords. Loin du Walter caustique et décapant de la plupart des posts, je vous dévoile ici mon côté "love" d'adolescente prébubère des années 90.

Fan de Dirty Dancing. Sous le charme d'une Jenifer Grey, légère (dans tous les sens du terme) et  rayonnante. Enchantée par sa voix et son rire franc (en tous cas, dans la version française). Séduit par la musique du film et ses rythmes rétro qui bercèrent de long moments de mon adolescence. Emu par une love story de vacances comme tout le monde en rêve avant de partir en Village Vacances.

Et fasciné par Patrick. Ses mouvements de danse que je tentais vainement d'imiter sur la moquette bleue dans la chambre de mon enfance. Son corps souple et musclé (à la manière de Brad Pitt dans le film Snatch)... et ne vous y méprenez pas : un tas de mecs hététo tripent sur le corps des acteurs de la même manière que toutes les filles de la planète rêvent d'avoir les jambes de Julia Roberts, les seins de Demi Moore et les fesses de J. Lo (quoique le mélange ne mériterait certainement pas le détour).

Bref. Boulerversé. Anéanti. Au fond du fond du bout du gouffre, je décidai à ma manière de rendre hommage au grand Patrick en parsemant ici et là des répliques de Dirty Dancing. Les 10 jours qui suivirent me le permirent. Seuls les vrais fans comprendront la démarche et toute la finesse de mon action créative...et surtout sauront mettre des images et une musique sur ces répliques.

Le 15 septembre après-midi, à Isham qui se déplaçait attivement dans la classe pour, soit disant, récupérer son dessin qui avait glissé de sa table.
" Arrète de courir après ton dessin comme un cheval sauvage."

Le 17 septembre au matin. Contexte : Bobby est assis dans un coin du gymnase sur une décision de l'arbitre (moi) après avoir étranglé  Nadia avec une corde à sauter destinée à une chorégraphie de GRS (encore mon côté Dancing).  Les élèves sont rangés.

Moi : On y va.
Joddy : Et pis Bobby ?
Moi : Epibobi ????
Joddy (me montrant du doigt le coin du gymnase) : Bobbyyy !

Regardant le coin du gymanse, redressant le torse et gonflant mes poumons ( je ne lui tends pas la main...faut pas pousser): "On laisse pas Bobby dans un coin".


Le 17 septembre, après midi. Tous les mômes sont en autonomie. Un silence d'église.  D'une beauté.  J'en ai les larmes aux yeux Je m'aperçois qu'il me manque une photocopie pour la suite du programme. Je  dois désigner un surveillant et m'éclipser rapidement  pour accomplir ma tache laborale afin d'assurer un enseignement digne de ce nom à mes élèves. Avant de partir je proclame :
" J'ai peur de sortir de cette classe et de ne plus jamais resentir ce que je ressens en ce moment".


Lundi 21 septembre. Travail de compréhension de texte. Il faut identifier les indices qui permettent de savoir si le narrateur est un narrateur ou une narratrice.

Sylvain :  C'est une fille.
Allya : Non, Frédérique, c'est un nom de mec aussi.
Moi : Non, Frédérique c'est le nom d'une vraie femme.

Pour conclure, je vous propose la danse finale de Dirty Dancing.
Le moment fort pour moi, c'est le saut au ralenti de Patrick  depuis la scène. Enchaîné par un regard à Jenifer dans un mouvement de mèche humide exceptionnel. Et ponctué par un double axel piqué.... Quel acteur !

Impossible d'intégrer la vidéo. C'est désactivé. Voici le lien. Bon visionnage.
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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 19:10
Les parents d'élèves, c'est comme les champignons. Quand tu en cherches (sac plastique en poche, bottes aux pieds et Opinel en mains)....tu rentres bredouille...ou juste de quoi te chopper une diarhée parce que tu n'avais pas ton petit manuel du cueilleur de champignons ( mais là on s'éloigne de l'analogie avec les parents...quoique !). Et quand tu te promènes juste pour te promener ( clopes en poche, converses aux pieds et portable en main), tu tombes sur une tache de chanterelles dont même K2R ne viendrait pas  à bout.

En clair, tu veux voir les parents de Katia, parce que Katia te sort par les yeux. Chaque nuit, son prénom raisonne dans ta tête et le matin ta femme te demandes d'un air très réveillé, les bras croisés et les sourcils en V.... "C'est qui cette Katia ?".
Hors, les parents de Katia savent très bien ce que tu as à leur dire... vu que tous les ans, c'est la même chose. Mais toi, coincé entre ton inexpérience, ta douce naïveté et ta foi presque intacte... tu espères encore que ça changera quelque chose dans le comportement de Katia, si ses parents se pointent dans ta classe. Alors tu mets un mot dans le carnet de liaison. Tu téléphones. Tu penses même aller sonner chez Katia... mais un chien méchant t'en dissuade.

Pourtant un beau jour, au volant de ton caddie dans les rayons du Cora, tu tombes sur sa mère.

Toi : Bonjour madame.
La mère de Katia : 'jour
Toi : Je suis le maître de Katia à l'école.
La mère de Katia (qui se sent coincée et plutôt surprise) : Comment vous savez que je suis la mère de Katia ??
Toi : Ben...euh.... elle vous tient la main...là...juste à côté de vous. Bonjour Katia.
La mère de Katia (à sa fille) : Ben, dis bonjour, toi !
Katia : Ben bonjour !
Toi : Je suis content de vous rencontrer. Ca fait un moment que j'essaie de vous joindre pour parler de Katia...mais apparemment c'est assez difficile. Vous n'êtes pas très disponible.
La mère de Katia (faussement surprise) : Ah bon. Keskivapa avec Katia ?
Toi (haussant le ton en repensant à tout ce qu'elle a fait ) : Ben...c'est la catastrophe !! La CA-TA-STR-OP-HE.

Un attroupement se forme autour de vous. Les utilisateurs du Cora sont des gens curieux. Pour une fois que ce n'est pas eux qui se font agresser par l'éducation nationale.

La mère de Katia (se tassant) : Comme quoi par exemple ?
Toi (qui n'avait pas prévu cette réunion) : Ben...comme....comme...euh...tenez par exemple...elle ne lève jamais la main pour prendre la parole...par exemple,...en fait.... quoi !
La mère de Katia  (pas très convaincu) : C'est pas bien ça, Katia !...Et quoi d'autre ?
Toi : Ben...euh...quoi d'autre ? ...Et ben, pas plus tard que le mois dernier...elle a...elle a fait tomber sa trousse par terre.
La mère de Katia : ....
Toi : Oui, mais elle l'a fait exprès
La mère de Katia (de moins en moins tassée) : ...  c'est tout ?
Toi : Non, non... euh ...parfois elle... elle...oublie les majuscules aux noms propres....
La mère de Katia : Viens Katia... on doit finir les courses...On perd notre temps.
Toi :....
Les badauds (qui se dispersent pour reprendre le cour de leurs choses) : Pfff, n'importe quoi !

Voilà. Sans préparation, on n'arrive à rien. Même pas à se souvenir de ce qui nous hante.

Cependant, il existe aussi les parents que tu ne veux pas voir.... mais qui cherchent par tout les moyens à te rencontrer.

Fin août. La plage du lac est bondée. Malgré les rayons du Cora déjà pleins à craquer de fournitures scolaires, tu te sens encore en vacances. Allongé sur ta serviette, un livre de Marc Levy dans les mains ( c'est encore les vacances, on réfléchira plus tard), tu profites des derniers jours de ces 2 longs mois annuels.

Une dame : Bonjour Monsieur !
Toi : Bonjour.
La dame : Vous êtes bien le maître des CM2 de l'école Machin ?
Toi ( qui ne connaît ton niveau de classe que depuis hier...rapport à la "bonne" ambiance entre collègues qui ne permet pas de répartir les classes  avant les vacances) : Euh oui...vous travaillez là-bas ? (seule explication possible).
La dame : Non ! Je suis la maman de Sophian.
Toi : Sophian ?
La dame : Ben oui ! Sophian de votre classe.
Toi (qui n'as eu ta liste que hier....évidemment) : Sophian, évidemment. Comment allez-vous ?
La dame : Pas très bien en fait... Sophian me fait du souci !
Toi : Ah....
La dame : Il n'a pas fini son cahier de vacances et il ne reste que 4 jours de vacances.
Toi :.... Ah oui, c'est embêtant.
La dame : Voilà ! Je voulais juste vous prévenir.
Toi (curieux) : Merci...mais il est où Sophian ?
La  dame : Je suis venue vous voir toute seule.Il est à la maison. Il révise ses tables de multiplications. L'an dernier, il ne savait pas très bien la table du 16.
Toi (vraiment curieux): Ah... c'est bien....Mais comment vous savez qui je suis et où j'étais...
La dame (un peu gênée) : Vous savez, maintenant..... avec Facebook, les copains d'avant, google et compagnie... on trouve tout ce qu'on veut.




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17 septembre 2009 4 17 /09 /septembre /2009 15:52
Dès le début de l'année, j'ai fait connaissance avec Monsieur Grandjean, l'homme à "tout faire" de l'école. Le monsieur de la mairie, disent les enfants. Jojo d'après Madame Mollard (ma directrice). Pour moi, ça reste  Monsieur Grandjean.

Pour vous faire une rapide idée du personnage, voici la retranscription de notre première conversation. Le jour de la pré-rentrée, il erre dans l'école à l'affût du moindre défaut technique. Il arrive dans ma classe, se présente et poursuit :

Monsieur Grandjean :  C'est à vous le vélo dans le local à poubelle ?
Moi : ( croyant à un reproche) : Oui...c'est Madame Mollard qui m'a dit de le mettre là.
Monsieur Grandjean : Non, non ! Oui, oui ! Y'a pas de problème... C'est juste pour savoir.
Moi : Ah...ben oui, c'est à moi.
Monsieur Grandjean : Faîtes gaffe ! Je risque de le passer à la benne si je le confonds avec les ordures. (rire gras)
Moi (rire forcé) : Oh ben non.
Monsieur Grandjean : Vous n'avez pas de voiture ?
Moi : Si !
Monsieur Grandjean (complètement interloqué) : ....
Moi : Pourquoi ?
Monsieur Grandjean : Non mais...euh... enfin ...on vous a retiré le permis ?
Moi : Euh...non ! Pourquoi ?
Monsieur Grandjean : Pourquoi vous venez en vélo, alors ?
Moi : Ben...pour faire du sport...et pour ne pas polluer.
Monsieur Grandjean : (pas très convaincu ) : Ah !
Moi : ....
Monsieur Grandjean :  Ben moi, même si je venais à pied...je polluerai quand même ! (rire gras)
Moi : (pas de rire du tout... juste les sourcils en V) : Euh...ah bon ? Comment ça ?
Monsieur Grandjean : Ben oui...la marche, ça me fait péter ! (rire gras...limite dégoulinant).

Voilà. Les présentations sont faîtes. Mais continuons un peu.
Monsieur Grandjean en impose. Un tour de taille grand comme ...sa hauteur.... Un cube, quoi ! Mais pas un cube genre unité...plutôt un cube genre millier (pour ceux qui ont le pack-numération des années 70). De plus, sa grosse barbe drue... serait un sujet d'étude pour la police scientifique qui grace à son analyse pourrait remonter jusqu'à la plus tendre enfance de Monsieur Grandjean ( joli oxymore).

Il faut savoir aussi que le "monsieur de la mairie" passe son temps dans l'école. Madame Mollard le sollicite très fréquemment... pour des broutilles du genre : brancher le micro-ondes qui ne marche plus depuis une semaine, reboucher un trou dans la cour  pour empêcher les mômes de jouer aux billes, graisser la porte de la salle-photocopieuse pour ne pas entendre ses incessants va-et-vient pendant sa journée de classe?.

Et chaque soir, j'ai droit à une visite de politesse et une blague un peu balourde (pour ne pas dire carrément vulgaire).

La seule fois où j'ai vraiment ri... je l'avoue, c'était à ses dépens.
La lumière de mon tableau ne marchait plus . Malgré un changement de néon, le résultat reste inchangé : pas de lumière. Monsieur Grandjean dont les compétences en éléctricité parraissent aussi avancées que les miennes en mandarin du sud, prend la chaise d'un élève et se hisse dessus pour surplombé la lampe du tableau.

Je retiens mon souffle. J'ai peur pour la chaise. Déjà qu'elles couinent à longueur de journée quand les gamins se dandinent.... Mais là, sous mes yeux, celle-là est en train de gémir, de souffrir, de pleurer....

Monsieur Grandjean (qui farfouille dans la lampe)  : Y'a comme un faux contact... Y'a quequ'chose qui doit faire masse.

Et la chaise semble me dire : Oui, je confirme, y'a quelque chose qui fait masse.

Et pour teminer se post... une dernière anecdote (vous êtes gâtés aujourd'hui) :

Lundi soir. 17h26. Monsieur Grandjean rentre dans ma classe. Il fait ses blagues et fait le tour de la classe en faisant mine d'inspecter je ne sais quoi. Ma réunion-parents commence dans 4 minutes.

Des parents arrivent. Monsieur Grandjean ne décampe pas. Il fait la bise aux mamans, sert la mains des papas... et moi j'attends. La plupart des parents annoncés semblent arrivés. Ils s'installent aux places de leurs mouflets (tradition oblige).

Soudain, l'improduisible se produit. Monsieur Grandjean,  en pleine conversation avec une jolie maman,  s'assied dans le même mouvement que les autres.

Moi (me raclant la gorge) : Monsieur Grandjean...on va commencer.
Monsieur Grandjean ( de tout son applomb) : Allons-y.
Moi (de plus en plus déconcerté...voir mal à l'aise) : Euh...en fait...c'est une réunion pour les parents.
Monsieur Grandjean : Ben...je sais.
Moi : Et bien, que faîtes-vous encore ici ?
Monsieur Grandjean (enfin destabilisé, voir hésitant et regardant les parents autour de lui...puis me fixant d'un air perdu ) : .... Je suis le papa de Caroline....


Sans commentaire.

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Un Prof À L'envers

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