20 avril 2009
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14:42
Romain pleure.
Cette annonce vous laisse de marbre. Vous vous dîtes que voir un enfant pleurer dans une cour de récration, c'est comme voir Ségolène Royal faire des excuses au nom de la France (c'est plutôt banal et sans grand intérêt). Vous vous dîtes peut-être que Romain est ce genre d'élève à la sensilbilité lacrymale aigue qui pleure au moindre haussement de ton, à la moindre bousculade.
Au contraire, Romain est un déshydraté oculaire, un désert aride de la pupille. J'ai cru voir un mirage ce matin-là, qui coulait sur ces joues.
Romain est un garçon jovial (pour ne pas dire joufflu), costaud (pour ne pas dire gros), respecté (pour ne pas dire costaud)... Ce jour-là, il a craqué.
La raison, je la lui demande :
Romain : J'ai perdu aux pogs.
Moi : ... Beaucoup ?
Romain : Tout ce que j'avais.
Moi : Mince alors.
Romain (fondant à nouveau en larmes) : Je vais me faire disputer par mes parents. J'avais pas le droit de jouer.
Moi : ... T'as qu'à pas leur dire.
Romain (entre deux reniflements obéliesques) : Ils vérifient tous les soirs...
Moi : Mince alors.
Ce deuxième "mince alors" signifie en fait, "Merde, ils sont timbrés tes parents"... mais je préfere qu'il s'en rende compte par lui même.
Je comprends aussi qu'il pleure. J'ai déjà vu le père de Romain. Disons que si vous êtes au courant des nouvelles tarifications de Ryanair par rapport à l'IMC (indice de masse corporelle)... je peux vous décrire le papa de Romain comme quelqu'un qui va se ruiner s'il prend un billet dans cette compagnie. Une de ses baffes laisse des empreintes digitales détaillées sur la joue. Pas besoin des Experts.
Ce que je ne comprends pas, c'est ce genre de parents.
"Tiens bonhomme... voilà des pogs pour ton annversaire. Attention, hein, tu connais la règle ! Interdit d'y jouer."
Ou encore :
"Ok tu peux emmener ton ballon à l'école, mais tu ne le prêtes pas. Les autres vont l'abimer."
C'est le genre de parents qui te bousille la longue Histoire des règles du football avec un "S'ils avaient un ballon chacun, ça leur éviterait de courir [rire gras]".
Comme Romain est un peu la mascotte de la classe (genre nounours), la séance de consolage ne tarde pas à s'organiser.
Ludo : C'est pas grave. T'as qu'à manger des Cheetos... y'a des pogs dedans. T'aimes bien les Cheetos toi !
Alex : Ca fais longtemps que y'a plus de pogs dans les Cheetos. Les pogs , c'est démodé. C'est pas grave Romain, c'est démodé.
Laurine : Peut-être que t'en trouveras un par terre et que tu en gagneras plein d'autres.
Ludo : Oui, mais t'aimes bien les Cheetos, toi !
Joris : Tu peux en fabriquer, c'est facile avec un compas pis du carton...
Etienne : Ouais mais ce sera un faux.
Shems : Ben maintenant t'as qu'à jouer à la fausse.
Alice : Il n'en a plus, il peut pas jouer.
Je suis surpris et assez fier de cette élan de solidarité dans ma classe. Je déchante vite quand je remarque que pas un ne lui offre de pog pour qu'il se renfloue.
Sana : Ou alors, peut-être qu'il t'en reste au fond de ton sac. T'as vérifié ?
Sana connaît très bien Romain, en effet. Son sac regorge de trésors. Un gouter qui date du CP, un tampon de sa grande soeur qu'il exhibait l'autre jour en disant que c'était un missile du sous-marin Play-mobil, un mini dictionnaire Français / Serbocroate, des trombones, des punaises (en fer et en ...insectes), des coquillages et.... deux pogs.
Je crois qu'il s'est refait à la récré de l'après-midi. Happy end.
Cette annonce vous laisse de marbre. Vous vous dîtes que voir un enfant pleurer dans une cour de récration, c'est comme voir Ségolène Royal faire des excuses au nom de la France (c'est plutôt banal et sans grand intérêt). Vous vous dîtes peut-être que Romain est ce genre d'élève à la sensilbilité lacrymale aigue qui pleure au moindre haussement de ton, à la moindre bousculade.
Au contraire, Romain est un déshydraté oculaire, un désert aride de la pupille. J'ai cru voir un mirage ce matin-là, qui coulait sur ces joues.
Romain est un garçon jovial (pour ne pas dire joufflu), costaud (pour ne pas dire gros), respecté (pour ne pas dire costaud)... Ce jour-là, il a craqué.
La raison, je la lui demande :
Romain : J'ai perdu aux pogs.
Moi : ... Beaucoup ?
Romain : Tout ce que j'avais.
Moi : Mince alors.
Romain (fondant à nouveau en larmes) : Je vais me faire disputer par mes parents. J'avais pas le droit de jouer.
Moi : ... T'as qu'à pas leur dire.
Romain (entre deux reniflements obéliesques) : Ils vérifient tous les soirs...
Moi : Mince alors.
Ce deuxième "mince alors" signifie en fait, "Merde, ils sont timbrés tes parents"... mais je préfere qu'il s'en rende compte par lui même.
Je comprends aussi qu'il pleure. J'ai déjà vu le père de Romain. Disons que si vous êtes au courant des nouvelles tarifications de Ryanair par rapport à l'IMC (indice de masse corporelle)... je peux vous décrire le papa de Romain comme quelqu'un qui va se ruiner s'il prend un billet dans cette compagnie. Une de ses baffes laisse des empreintes digitales détaillées sur la joue. Pas besoin des Experts.
Ce que je ne comprends pas, c'est ce genre de parents.
"Tiens bonhomme... voilà des pogs pour ton annversaire. Attention, hein, tu connais la règle ! Interdit d'y jouer."
Ou encore :
"Ok tu peux emmener ton ballon à l'école, mais tu ne le prêtes pas. Les autres vont l'abimer."
C'est le genre de parents qui te bousille la longue Histoire des règles du football avec un "S'ils avaient un ballon chacun, ça leur éviterait de courir [rire gras]".
Comme Romain est un peu la mascotte de la classe (genre nounours), la séance de consolage ne tarde pas à s'organiser.
Ludo : C'est pas grave. T'as qu'à manger des Cheetos... y'a des pogs dedans. T'aimes bien les Cheetos toi !
Alex : Ca fais longtemps que y'a plus de pogs dans les Cheetos. Les pogs , c'est démodé. C'est pas grave Romain, c'est démodé.
Laurine : Peut-être que t'en trouveras un par terre et que tu en gagneras plein d'autres.
Ludo : Oui, mais t'aimes bien les Cheetos, toi !
Joris : Tu peux en fabriquer, c'est facile avec un compas pis du carton...
Etienne : Ouais mais ce sera un faux.
Shems : Ben maintenant t'as qu'à jouer à la fausse.
Alice : Il n'en a plus, il peut pas jouer.
Je suis surpris et assez fier de cette élan de solidarité dans ma classe. Je déchante vite quand je remarque que pas un ne lui offre de pog pour qu'il se renfloue.
Sana : Ou alors, peut-être qu'il t'en reste au fond de ton sac. T'as vérifié ?
Sana connaît très bien Romain, en effet. Son sac regorge de trésors. Un gouter qui date du CP, un tampon de sa grande soeur qu'il exhibait l'autre jour en disant que c'était un missile du sous-marin Play-mobil, un mini dictionnaire Français / Serbocroate, des trombones, des punaises (en fer et en ...insectes), des coquillages et.... deux pogs.
Je crois qu'il s'est refait à la récré de l'après-midi. Happy end.